La branche française
 
A partir de l'effondrement de la République de Venise, en 1797, les Vitali vont jouer un rôle considérable dans la guerre d'indépendance grecque. En 1803, Ser Giovanni Vitali (noble de Zante), fut l'un des quatre premiers Sénateurs représentant l'île de Zante à l'assemblée constituante de la République aristocratique des "Sept Iles". Il avait épousé  Elena Condostavlo (famille inscrite au Livre d'Or de la noblesse de Zante en 1578) dont il eut deux fils : Giorgio, né à Zante (1777), † à Paris (1854) et Spiro qui devinrent les principaux acteurs du "parti français" visant à établir sur le trône de Grèce, le duc de Nemours, fils du Roi des Français Louis-Philippe 1er . Giorgio Vitali (1776-1854) proche du Prince Alexandre Mavrocordato et du Comte Capo d'Istria  jouera, de 1821 à 1832, les ambassadeurs pour le compte des insurgés. Ainsi, le 24 juin 1823, accompagné du Prince

Skilitzy, Giorgio rencontre à bord du brick "l'Hercule", Lord Byron qui vient d'être nommé Président du comité anglais pour la libération et fournit fonds et armements. Ils n'hésiteront pas, d'ailleurs, tous à faire le "coup de feu" à la bataille de Missolonghi quelques mois plus tard. Après la mort de Byron (19 avril 1824), Giorgio se rendra fréquement en Angleterre pour poursuivre sa mission.  Son engagement, lui vaut - entre autre distinction - d’être fait «sujet hellène», "nationalité" que la famille conservera jusqu'en 1893. Mais, l'avènement, en 1832, d’un prince de la Maison de Bavière (Othon Ier), mit fin à l'action politique de Giorgio et Spiro . Proche du Monarque français, ils s’installèrent alors en France ou il firent souche. Spiro Vitali, noble de Zante, qui avait épousé Eleonora di Colloredo (N.D. de Venise), eut une fille, Helena Vitali, née à Venise (1809), † château de Cour sur Loire, France (1888), mariée à Hyacinthe Jacques de la Motte Ango, marquis de Flers (dont postérité). Giorgio Vitali, noble de Zante, qui eut deux fils de son épouse Élise d’Orquoy : - Giovanni Leonida Vitali, né à Livourne (1823) † à Paris, France (1853), sans postérité et - Filippo Spiridione Vitali qui suit.
 
A leur arrivée en France, un lobby constitué de financiers et d'ingénieurs, adeptes des théories de Saint Simon, relayés par la presse - principalement le journal "le Globe" - commence à diffuser dans l'opinion, l'idée d'un transport sur rail. Sous l'impulsion du Roi, la France ambitionne de rattraper l'Angleterre sur la voie du progrès. L'heure est aux ingénieurs qui améliorent tout ce qu'ils touchent et vont même jusqu'à inventer ! En 1834, un certain Robert invente un fusil qui, à la stupéfaction générale se charge par la culasse... En 1839, Gache invente un bateau à vapeur inexplosible... En 1840, un nouveau propulseur à hélices révolutionne la marine... Et les chemins de fer ? Chaque mois qui passe voit la superficie du réseau doubler : de 31 km de voies en 1837, on en est à près de 3000 en 1848 ! Giorgio qui a découvert les chemins de fer dès 1825, lors de ses missions en Angleterre, inscrit en 1848, son fils : Philippe Spiridion, dans cette nouvelle école d'ingénieurs créée moins de vingt ans plus tôt : L’École Centrale des Arts et Manufactures.
 
En juin 1851, Philippe Spiridion (1830-1909) est ingénieur. Il va entreprendre une longue carrière (de 1851 à 1897) qui lui apportera fortune et honneurs. Fondant de multiples compagnies «Entreprise de chemins de fer Vitali, Picard et Cie», «Ph. Vitali & Cie», «Régie générale des chemins de fer serbes», «Entreprise de raccordement des chemins de fer ottomans», etc., il réalisera et exploitera des réseaux de chemins de fer en Europe, au Moyen Orient et jusqu’en Asie. Ainsi, alors qu'il n'a que 26 ans, il fonde en Espagne, en pleine guerre civile, les lignes "Cordoue - Malaga", "Cuidad-Real - Badajoz", etc.. . En récompense de son action, la Reine Isabelle II le fait Commandeur de l’Ordre de Charles III. Dans le même temps, il lance en Italie, les chemins de fer de "Calabre et de Sicile" tout en réalisant une ligne traversant les Apennins de Pistoye à Bologne. Il reçoit, d'ailleurs de Sa Majesté Umberto I, titres et distinctions.
France, Hollande, Serbie, Russie, etc... rare seront les pays dans lesquels il n'edifira pas au moins une ligne !  La France, pour sa part, lui décernera le grade d’Officier de la Légion d’Honneur. De son épouse : Marie Hortense , il aura quatre enfants : Marthe, Vicomtesse de Flers (1858-1929), Georges (1861-1925), Thérèse Comtesse de Beauchamp (1866-1939), Jean (1867-1867). D’une générosité sans égale, il entretiendra -sa vie durant- de multiples oeuvres sociales . En 1897, il confiera la gestion de ses affaires à son fils Georges.
 
Georges (1861-1925) a été très tôt associé aux affaires familiales. Il reçoit, d’ailleurs, à l’âge de 27 ans, la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur à l’occasion de l’inauguration du raccordement des chemins de fer turcos-serbes dont il est à l‘origine. Devenu président du groupe paternel, c‘est vers l’Orient -comme ses ancêtres vénitiens- qu’il va diriger l’essentiel de son action. D'abord en Grèce ou il crée et exploite la ligne «Salonique-Constanti-nople» (aujourd'hui : «Tessalonique-Istanbul» ). Puis en Asie Mineure ou il réside longuement. En effet, la Turquie, la Syrie, le Liban, la Palestine, l’Irak, l’Iran et l’Arabie Saoudite, quoique berceaux de civilisations fort anciennes, ne s’éveillent alors qu’à peine aux moyens de transport moderne. C’est le Grand Vizir Midhat Pacha qui, dès sa nomination, a l’idée de rénover le vaste Empire ottoman par le
rail. Celui-ci, qui représente plus de 1.750.000 km2 offre, par suite de la diversité de ces climats, une variété considérable de richesses agricoles, depuis le coton, jusqu’aux céréales et aux agrumes. Georges obtiendra de nombreuses concessions pour la construction et l'exploitation de chemins de fer, telles les lignes ou «Smyrne-Cassaba» (1893) (aujourd'hui : «Izmir-Kasaba») en Turquie ou celle de «Damas-Hamâ» en Syrie. Président de la «Société des chemins de fer du Yunan», il construit, en 1903, la seule voie ferrée jamais réalisée à ce jour dans cette région montagneuse au climat tropical : la fameuse ligne qui relie Kouen-ming au Vietnam. Son action pour la défense des intérêts français en Asie, lui vaut d’être promu Officier de la Légion d’Honneur. Devenu français par décret du 26 décembre 1893, il n’hésite pas, malgré son âge à s’enrôler lorsque la France mobilise en août 1914. C’est un pilote chevronné qui, de surcroît, possède un avion. Il intègre donc, avec le grade de lieutenant pilote, le 2° groupe d’aviation basée à Bron (Rhône). Et Clémenceau, dans le décret qu’il rédige, écrit au sujet de Georges «...dégagé de toute obligation militaire, a contracté, le 7 août 1914, un engagement volontaire pour la durée de la guerre. Malgré son grand âge (58 ans) ne cesse de donner l’exemple des plus belles qualités morales en prenant part à toutes les expéditions de son escadrille, faisant preuve d’un magnifique entrain. Trois citations, une blessure» . De Marguerite de Cholet, son épouse, Georges aura quatre enfants : Philippe-Henry (1888-1950), Guy-Georges (1890-1892), Raymonde (1891-1953) et, enfin, Pierre-François (1892-1937), dont postérité.
 
Crédit photos : Jean Ferlier.
 
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